dimanche 2 juin 2013

La fin d'une illusion

La fin d'une illusion

La désagrégation intérieure du régime Bongo est cachée à la fois par le rêve de gain facile qu'il procure toujours, par la faiblesse du patriotisme des Gabonais et par le manque d'une classe d'hommes dédiée à la relève. La présence des Bongo aux affaires masque aussi pour beaucoup de citoyens la perspective imminente d'une crise, d'une chute radicale et brutale du système. Pourtant l'univers des Bongo est entrain de se défaire de lui-même. Ali Bongo, héritier sans combattre, flanqué de slogans imaginatifs et rêveurs, n'a pu impulser à ce régime les restructurations qui s'imposaient à lui. Il a plutôt opté pour la facilité en misant sur la passivité, l'incrédulité et la cupidité de toute l'élite du pays. L'argent à toujours éloigné les Bongo du peuple sans leur apporter ce minimum de considération qui leur aurait permis de gouverner paisiblement ce peuple pacifique.
Ainsi pendant 47 ans, Bongo rythme avec argent et immobilisme et non avec démocratie et progrès. Peut-on conclure qued l'échec du dernier des Bongo était-il prévisible? Je laisse le loisir aux historiens de se pencher sur la question le moment venu.

Du Bongoisme? il ne reste plus que quelques hommes accrochés à l'illusion du pouvoir et du passé. Ce cercle de damnés qui s'imaginent que les choses ne bougent pas, ne bougeront jamais..

Le peuple Gabonais lentement mais sûrement est entrain de sortir de 47 ans de pensée unique, de Bongoisme, bien qu'il traîne encore certaine de ses habitudes, de ses mœurs. Tous sont convaincus que l'avenir du Gabon passe par la négation de ce qu'était ce régime. L'État de droit, la bonne gouvernance, la justice pour tous, la pluralité démocratique, la transparence électorale, sont les moteurs de cette bascule. La reconstruction de ce pays se fera avec des hommes et des femmes épris de modernité et de dévotion. Il serait impensable d'y associer tous ceux qui ont eu à administrer une caisse de l'argent de public ou qui trône dans l'enrichissement illicite. La lutte contre la corruption, fléau du Gabon des Bongo, devra faire l'objet de la plus grande des attentions.

Avec la flambée des crimes rituels, la misère sociale, ce régime semble s'acheminer dans une sorte de néant, il n'ouvre pas la voie en "l'avenir en confiance". Avec le "laissez nous avancer", il n'a pu s'inscrire dans une logique de développement. Il n'aura atteint aucun des objectifs qu'il s'était assigné. Il n'a pu être conforme à son triptyque "paix-développement-partage". Le bilan est sans appel: Avec un PNB par habitant qui avoisine celui du Portugal, les Gabonais vivent une pauvreté comparable à celle des Mozambicains.

L'Émergence d'Ali9 aura été un concept de promesses abstraites créant un espace infranchissable entre les attentes de tout un peuple et la volonté réelle du pouvoir de les réaliser. Un égoïsme calculateur qui oscille entre besoin de s'enrichir et volonté de domination. Rien pour le peuple, tout pour eux. Rien pour les autres tout pour lui.

La seule réponse apportée à cet échec total est: la Dictature.
La dictature, cette illusion d'une autre nature qui nait d'une improvisation des fins et des moyens et qui aveugle d'un sentiment de puissance et d'impunité. Cette illusion bannit par les histoires anciennes et récentes de chutes "d'hommes forts", d'idéologies ou d'empires, n'a plus de place dans l'ordre du politique. Elle tient toute entière dans la violence, la terreur et l'intimidation. Elle est fragile car ses valeurs peuvent appartenir à tous. C'est à dire personne n'est à l'abri ni n'a le monopole de la violence.

Aussi, Le dictateur est un homme isolé et perdu dans l'histoire, qui s'accroche à ses certitudes. Nos dictateurs Africains, malgré les enseignements de la franc-maçonnerie, demeurent être toujours les derniers hommes à comprendre que la lumière sort victorieuse des ténèbres. Lui,le dictateur et le système Bongo ont les traits inséparables d'être tous les deux adossés à l'illusion de l'éternité. Tous deux on fait une erreur de jugement, ni l'expérience, ni les moyens financiers extraodinaires qu'ils ont eu entre les mains ne leur ont permis de mesurer et de corriger la courbe de leur chute...

Ce système qui gouverne le Gabon depuis 47 ans est plus proche de sa fin que de ses débuts. Nous touchons le fond et il s'inscrit désormais dans le passé. C'est la fin des illusions. Le Gabon doit réussir à se décoloniser, se décoloniser de la plus vieille dictature d'Afrique. Comme le monde, il doit s'ouvrir au monde et à ces valeurs universelles.

Guilou Bitsutsu-Gielessen Secrétaire Exécutif de L'URDP; porte-parole du CSP.

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