Dans la mythologie grecque, Œdipe tue son père pour épouser sa mère. Au Gabon
Ali s'est donné la peine de tuer le Bongoïsme pour mieux épouser le PDG (Parti
Démocratique Gabonais). En effet, les PDGistes sont d'abord et avant tout des
Bongoïstes. Pour tous PDGistes, Bongo rime avec argent, l'émergence rime avec
Ali et, Ali9 on ne connait pas! L'argent est le seul langage connu au PDG, le
reste c'est de la politique et la politique on n’en mange pas... Avez-vous déjà
oublié que le PDG est un vaste casino? Qui rassemblent chercheurs d'or et
autres aventuriers des promotions et du gain facile? 42 ans de "Bongo
CFA" ne s'éteignent pas en 3 ans "d'Ali9 cailloux, peigne
afro..."
Les nominations prises lors du conseil des ministres du 21 février2013 marquent
la fin de l'offre d'émergence prônée par Ali Ben. Nous revoilà plongé dans le
Bongoïsme, fini l'émergence. Les Altogovéens sont confirmés partout où l'argent
coule à flot, "les fils de..", "les cousins de lui..",
refont leur apparition. Le népotisme et la gabegie remontent à la surface.
Chaque roitelet s'empresse de placer ses sous-fifres, les voleurs reprennent du
service. Les dossiers de la commission de lutte contre l'enrichissement
illicite sont bloqués par l'exécutif...
Ainsi, ignoré par Ali, nargué par sa légion étrangère, les caciques du PDG
attendaient que le fruit murisse et finisse par tomber. La patience des
"PDG-istes à mort" a payé, tous savaient qu'Ali Ben aurait besoin
d'un appareil pour aller aux élections. Les faucons, les caciques à quelques
jours du 46ème anniversaire du parti viennent ainsi, de remporter une victoire
décisive : la réintroduction du Bongoîsme pur et simple. Ils font désormais ce
qui leur plaît : le report des élections locales est à mettre à leur crédit.
Les souris sont dans le sac d'arachide, les rats sont sur le bateau. Ils
tiennent désormais Ali...
Les pressions du puissant lobby mafieux qui, tapis dans l'ombre tirent les
ficelles de la dictature aura fonctionné à plein régime.
Ali Ben n'a tenu, n'aura résisté qu'a peine 3 années au grand retour du système
Bongo-père. Seul système valable en politique au Gabon.
Ce fameux système dont il a été lui-même victime au profit de certains
ayant-droit de Bongo-père, ce même système qu'intimement il souhaitait tordre
le cou a finalement eu raison de sa personne.
Mais pourquoi Ali Ben a t- il cédé aussi rapidement? Simplement parce qu'il
estime qu'il a vaincu Mba Obame plus vite que prévu, que l'opposition s'est
réduite à son expression la plus simple c'est-à -dire une opposition à la
Bongo. Par conséquent, il ne lui restait plus qu'à s'assurer les bonnes grâces
des piliers du régime que sont : ses frères maçons, ses amis tribalistes, les
milieux d'affaires spécialisés dans les crimes économiques et la délinquance
financière, les ténors du PDG. Bref! Comme au bon vieux temps de Bongo-père,
mettre tout le système en rang de bataille. Ouvrant ainsi, les vannes de
pandore. L'objectif inavoué est de préparer les élections de 2016 en
capitalisant toutes les énergies.
Les concertations avec l'opposition, les négociations sur la biométrie, le
prochain gouvernement de large ouverture... Tous concourent à la mise en place
du "scénario 2016".
En voulant fuir le naturel, il revient au galop. Ali Ben dans sa fuite en
avant, va donc dans l'espoir de se faire réélire sacrifier : la paix sociale,
la bonne gouvernance, le pouvoir d'achat des Gabonais et bien sûr, son offre
d'émergence...
Mais qu'aurait-on pu espérer d'un Président mal élu, illégitime de son état?
Peut-être rien, sinon rien de moins que rien...
Ali Ben n'ayant ni l'envergure ni le tact de Bongo-père sort de ce combat
affaibli. Il n'est plus et ne sera plus le seul maître à bord. Le prochain
Congrès du parti confirmera la mainmise des faucons, le retour du Bongoïsme.
Comment en n'est-on arrivé là? Parce que, aussi simple que cela puisse paraître
: en trois ans Ali Ben n'a fréquenté que les palaces du monde chic, les fuseaux
horaires, les avions. Le peu de temps qu'il passait à Libreville, il le
consacrait : aux courses de bateaux, aux concerts, feux d'artifices, carnavals
et jeux de cirque... Un véritable groove, une bamboula au sommet de l'État. Et,
que dire de son équipe? Du cabinet présidentiel, de ses ministres?
Ainsi, Ali Ben n'a pu s'offrir une alternative au Bongoïsme, une marque de
fabrique qui lui soit propre, une personnalité politique distincte. Rien, il
n'a rien produit de décisif ou de significatif: d'où son retour forcé 20 ans en
arrière. Et, devenu l'otage de ceux qui l'ont fait roi, il navigue entre le
plagiat du Bongoïsme et le copier-coller.
Guillou Bitsutsu Gielessen, Secrétaire
Exécutif de l’Union Républicaine pour la Démocratie et le Progrès - URDP